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noit une part sensible à la peine qu’elle éprouvoit, et que s’il pouvoit lui rendre quelque service, il étoit à ses ordres.

Mistress Miller, qui avoit entendu ces derniers mots, ouvrit la porte, et courant à lui les yeux baignés de larmes : « Ô M. Jones ! s’écria-t-elle, vous êtes bien le meilleur jeune homme qu’il y ait au monde. Je vous remercie mille fois de vos offres généreuses. Hélas ! il n’est pas en votre pouvoir de sauver ma pauvre fille. Ô mon enfant ! mon enfant ! elle est perdue, perdue pour jamais.

— J’espère, madame, qu’il n’y a pas d’homme assez scélérat…

— Oh ! M. Jones ! il y en a un… Le misérable qui a quitté hier ma maison a trompé ma pauvre fille… Il a consommé sa ruine. Je sais que vous êtes rempli d’honneur, vous avez un bon, un noble cœur, M. Jones ; les actions dont j’ai été témoin ne pouvoient venir d’une autre source. Je vous dirai tout mon malheur. Après ce qui est arrivé, je voudrois en vain le cacher. Ce Nightingale, ce barbare, cet infame a perdu ma fille. Elle est… elle est… oh ! M. Jones, ma fille est grosse… et il l’abandonne en cet état. Voici, monsieur, sa cruelle lettre. Lisez-la, M. Jones, et dites-moi s’il existe un autre monstre de cette espèce. »

La lettre étoit ainsi conçue :