Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gré, monsieur, de ce que je vous ai dit au sujet de ma maison. Vous sentez que, dans l’intérêt de mes pauvres filles, je n’y puis souffrir un commerce suspect. D’ailleurs, M. Allworthy ne me pardonneroit pas de le favoriser, surtout lorsqu’il s’agit de vous.

— Ne prenez pas la peine, madame, dit Jones, de vous excuser davantage. Je vous proteste que vous ne m’avez nullement offensé ; mais comme personne n’a plus de respect que moi pour M. Allworthy, permettez que je vous tire d’une erreur dont sa réputation pourroit souffrir. Je ne suis point son parent.

— Hélas ! monsieur, je le sais ; je sais très-bien qui vous êtes. M. Allworthy m’a tout conté ; mais, fussiez-vous son propre fils, il n’auroit pu me parler de vous avec plus d’intérêt. Ne rougissez pas, monsieur, de votre naissance ; il n’y a pas un honnête homme, croyez-moi, qui vous en estime moins. Non, M. Jones, ces mots, naissance déshonorante, sont vides de sens, à moins, comme le disoit mon cher et digne époux, que le déshonneur ne s’attache aux père et mère ; car il ne peut rejaillir sur les enfants, pour une action dont ils sont innocents.

— Je vois, madame, dit Jones en poussant un profond soupir, que vous me connoissez en effet, et que M. Allworthy a jugé à propos de vous