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trouvé avec son oncle, qui étoit revenu à Londres, pour y chercher sa fille nouvellement mariée.

Ce mariage étoit l’événement le plus heureux que pût souhaiter le jeune Nightingale. Son père et son oncle disputoient sans cesse, comme on l’a dit, sur la manière de gouverner leurs enfants, chacun d’eux méprisant du fond du cœur la méthode opposée à la sienne : or chacun d’eux tâchoit, en ce moment, de pallier de son mieux la faute de son enfant, et d’aggraver celle de l’autre. Le vieux Nightingale brûloit du désir de l’emporter sur son frère : il avoit d’ailleurs l’esprit si favorablement disposé par les arguments de M. Allworthy, qu’il reçut son fils d’un air riant, et consentit à souper le soir même avec lui chez mistress Miller.

Quant à l’oncle, qui idolâtroit sa fille, il ne fut pas difficile de calmer son courroux. À peine sut-il par le jeune Nightingale où étoit sa chère Henriette, qu’il annonça l’intention d’aller sur-le-champ la trouver. Lorsqu’il arriva, elle voulut se jeter à ses pieds. Il s’empressa de la relever, et l’embrassa avec une tendresse qui émut tous les témoins de cette scène. En peu de minutes la réconciliation fut aussi parfaite entre lui et les deux époux, que s’il eût présidé en personne à leur union.

Tel étoit l’état des choses, quand l’arrivée de