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vita à prendre le thé. L’excellente femme avoit su, par l’indiscrétion de Partridge, ou par quelque autre moyen, ses rapports avec M. Allworthy, et elle ne pouvoit supporter la pensée de se séparer de lui d’un air fâché.

Jones accepta son invitation. Après le thé elle renvoya ses filles et s’exprima ainsi : « En vérité, monsieur, il arrive dans ce monde des choses bien surprenantes. N’en est-ce pas une fort étrange que j’aie dans ma maison un parent de M. Allworthy, sans m’en être doutée jusqu’à présent ? Hélas ! vous ne sauriez vous figurer quel protecteur a été pour moi et pour les miens ce digne gentilhomme. Oui, monsieur, je ne rougis point de l’avouer, c’est à sa bonté que je dois d’avoir été préservée du malheur de mourir de faim, et de laisser après moi deux pauvres petites orphelines sans secours, sans appui, abandonnées à la pitié, ou plutôt à la cruelle indifférence du monde.

« Quoique je sois réduite aujourd’hui à louer des chambres garnies pour vivre, je suis née d’une honnête famille, et j’ai reçu une bonne éducation. Mon père étoit officier, il mourut dans un grade élevé ; mais il n’avoit que ses appointements pour vivre ; et comme cette ressource finit avec lui, sa mort nous laissa dans la misère. Nous étions trois sœurs. L’une de nous eut le bonheur de mourir bientôt après de la pe-