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la main avec un transport de joie inexprimable. Western se mit à sauter et à danser en criant : « Où diable est Allworthy ? Je gage qu’il s’amuse à jaser avec ce damné procureur Dowling, lorsqu’il devroit penser à toute autre chose. »

Il courut le chercher et laissa fort à propos nos deux amants se livrer sans témoins, pendant quelques minutes, à leurs tendres sentiments.

Il revint bientôt avec M. Allworthy en disant : « Voisin, si vous ne m’en croyez pas, vous pouvez le lui demander vous-même. N’est-il pas vrai, Sophie, que tu as consenti à être mariée demain ?

— Telle est votre volonté, mon père, et je n’oserois vous désobéir.

— J’espère, mademoiselle, dit M. Allworthy, que mon neveu méritera tant de bonté, et qu’il sera toujours aussi reconnoissant que moi de l’insigne honneur que vous daignez faire à ma famille. Une jeune personne aussi belle et aussi accomplie honoreroit par son alliance les plus grandes maisons d’Angleterre.

— Ah ! cria Western, si j’avois écouté les mais, les si, les car, vous n’auriez point eu de si tôt cet honneur. J’ai été obligé d’employer un peu l’autorité paternelle pour l’amener au but.

— J’espère que non, monsieur, dit M. Allworthy ; j’espère qu’il n’y a pas eu l’ombre de contrainte.