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ton si absolu, que Jones ne crut pas devoir y rien répliquer. D’ailleurs l’heure fixée par M. Western approchoit, et il n’avoit pas encore fait sa toilette. L’entretien finit donc ici, et Jones passa dans une autre chambre avec Partridge pour s’habiller.

Le pauvre garçon avoit à peine entrevu son maître depuis la grande découverte dont le lecteur est instruit. Il ne pouvoit ni contenir, ni exprimer sa joie. On l’eût pris pour un homme en démence. Il fit, en habillant Jones, presque autant de balourdises qu’en fait Arlequin lorsqu’il s’habille sur le théâtre.

Ce n’étoit pourtant pas que sa mémoire fût en défaut. Il se rappela tous les pronostics, tous les présages qui annonçoient, selon lui, cet heureux changement. Quelques-uns l’avoient frappé dans le moment même. Beaucoup d’autres, auxquels il avoit fait peu d’attention, lui revinrent alors à l’esprit. Il n’oublia pas son rêve pendant la nuit qui précéda sa rencontre avec Jones. « Je ne me trompois pas, monsieur, s’écria-t-il, quand je disois à votre seigneurie qu’un secret pressentiment m’avertissoit que vous seriez un jour ou l’autre en état de faire ma fortune. » Jones l’assura que ce dernier pronostic se vérifieroit aussi sûrement que s’étoient vérifiés tous ceux dont lui-même avoit été l’objet : ce qui redoubla les