tion, et se chargeroit lui-même du message, s’il le désiroit. « Je connois vos volontés, ajouta-t-il. Permettez que ce soit moi qui l’en instruise. Veuillez, je vous prie, penser au danger de le pousser tout-à-coup au désespoir. Combien, hélas ! ce malheureux est peu disposé, dans sa situation présente, à faire une bonne fin ! »
Cette considération ne toucha nullement mistress Miller qui sortit en s’écriant : « Vous êtes trop bon, monsieur Jones, beaucoup trop bon pour vivre dans ce monde. » Mais elle fit une forte impression sur M. Allworthy. « Mon cher enfant, dit-il à Jones, j’admire également la bonté de votre cœur et la sagesse de votre esprit. Le ciel nous défend en effet d’ôter à ce misérable le temps et les moyens de se reconnoître. Allez donc le trouver. Faites usage de toute votre prudence ; mais ne le flattez d’aucun espoir de pardon. Je suis bien décidé à ne pardonner le crime qu’autant que la religion y oblige ; et cette obligation ne va pas jusqu’à nous forcer d’entretenir des rapports avec les criminels, ou de leur faire du bien. »
Jones monta chez Blifil. Il le trouva dans une situation qui émut sa pitié, et qui auroit excité dans l’ame de beaucoup d’autres un sentiment moins aimable. Il étoit étendu sur son lit, livré au désespoir et baigné de larmes : non de ces