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effet, ne serviroit qu’à redoubler l’affliction de ma pauvre Nancy. Mon ami, je compte partir ce soir, ou demain matin ; gardez-m’en le secret.

— Je vous le promets ; et quand j’y réfléchis, il me semble que vous n’avez rien de mieux à faire, après la détermination que vous avez prise, et dans la nécessité où vous êtes de quitter Nancy. » Jones ajouta qu’il seroit charmé de se retrouver avec lui dans la même maison.

Il fut ensuite convenu entre les deux amis que Jones logeroit au rez-de-chaussée, ou au second étage, à son choix, et Nightingale au premier.

Ce Nightingale, dont nous aurons bientôt occasion de parler plus longuement, se montroit dans les circonstances ordinaires de la vie, un homme d’honneur, et ce qui est plus rare parmi les jeunes gens à la mode, un honnête homme. Seulement il professoit, en amour, une morale assez relâchée : ce n’est pas qu’il fût à cet égard aussi dépourvu de principes que ses pareils le sont quelquefois, et plus souvent encore affectent de l’être ; mais il est certain qu’il avoit commis envers les femmes des trahisons inexcusables, et que, dans certains mystères connus sous le nom d’intrigues galantes, il s’étoit rendu coupable de beaucoup de tromperies qui lui auroient valu, dans le commerce, le titre d’insigne fripon.