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du rôle qu’il avoit joué dans cette affaire. Il témoigna d’ailleurs le désir de contribuer à soustraire la jeune dame au joug conjugal. Le pair s’empressa d’accepter son offre, convaincu que le nom et l’autorité du lord en imposeroient à Fitz-Patrick, et le rendroient plus traitable. Il ne se trompa point. Le pauvre Irlandois ne vit pas plus tôt que ces nobles personnages avoient pris sa femme sous leur protection, qu’il se soumit sans résistance. L’acte de séparation fut à l’instant dressé, et signé par les parties.

Fitz-Patrick que mistress Waters avoit tout-à-fait convaincu de l’innocence de sa femme, et qui peut-être étoit devenu fort indifférent sur son compte, parla hautement à lord Fellamar en faveur de Jones, prit sur lui tout le blâme du combat, et déclara que son adversaire s’étoit conduit avec autant de loyauté que de bravoure. Fellamar l’ayant questionné plus particulièrement au sujet de Jones, Fitz-Patrick lui dit que c’étoit le neveu d’un homme très-riche et d’une naissance distinguée, comme il venoit de l’apprendre de mistress Waters, après l’entrevue qu’elle avoit eue avec Dowling.

Le lord Fellamar se crut donc obligé de réparer de tout son pouvoir l’injure cruelle qu’il lui avoit faite. N’étant plus animé d’aucun sentiment de jalousie (car il avoit renoncé à miss Western),