Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/418

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’elle laisse après elle. La censure du monde poursuit incessamment le coupable. En butte au mépris général, il n’ose se montrer sans rougir. Si la honte l’oblige à chercher la solitude, il y porte avec lui les terreurs qu’éprouve un enfant qui craint les fantômes, et s’achemine seul en tremblant vers son lit. Sa conscience bourrelée le tourmente sans relâche. Tel qu’un ami perfide, le sommeil l’abandonne. De quelque côté qu’il tourne les yeux, tout le pénètre d’horreur. Regarde-t-il en arrière ? le repentir marche en vain sur ses pas. Regarde-t-il en avant ? c’est le désespoir au front glacé qui s’offre à sa vue. Enfin, comme un malheureux enfermé dans un cachot et condamné au dernier supplice, il déteste sa condition présente et redoute l’heure fatale qui doit y mettre un terme. Je vous le répète, mon enfant, consolez-vous, cette affreuse situation n’est point la vôtre. Rendez grace à celui qui a daigné vous éclairer sur vos erreurs, avant qu’un plus long aveuglement vous eût précipité dans l’abîme. Vous les avez abjurées ces erreurs ; et votre félicité future ne dépend plus que de vous. »

À ces mots Jones poussa un profond soupir. M. Allworthy lui en ayant demandé la cause : « Je ne veux rien vous cacher, monsieur, répondit-il ; je crains que mes fautes n’aient attiré sur moi un