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L’écuyer s’applaudit, en finissant, de sa profonde sagacité. M. Allworthy, après quelques circonlocutions, l’instruisit de la découverte qu’il avoit faite relativement à Jones, des motifs de sa colère contre Blifil, et de toutes les particularités contenues dans les chapitres précédents.

Les gens d’un caractère emporté sont, pour l’ordinaire, fort sujets à changer de sentiments. À peine Western sut-il que M. Allworthy avoit l’intention d’instituer Jones son héritier, qu’il fit de concert avec l’oncle le panégyrique du neveu et se montra aussi impatient de marier sa fille à Jones, qu’il l’étoit précédemment de la marier à Blifil.

M. Allworthy fut encore forcé de l’interrompre, pour lui faire part de l’entretien qu’il venoit d’avoir avec Sophie.

L’écuyer frappé d’étonnement, garda un moment le silence, puis il s’écria : « Que veut dire ceci, voisin Allworthy ? elle étoit folle de lui, j’en suis sûr… Ho, parbleu, m’y voilà, j’ai rencontré juste. C’est un tour de ma sœur. La petite fille s’est amourachée de ce maudit lord. Je les ai trouvés ensemble chez ma cousine lady Bellaston ; il lui a tourné la tête, c’est certain ; mais le diable m’emporte s’il l’épouse ; je ne veux ni lords ni courtisans dans ma famille. »

M. Allworthy exprima de nouveau son éloi-