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vous serez, croyez-moi, le plus heureux des pères.

— Moi, avoir de la confiance en elle ! et le puis-je, morbleu, quand elle refuse de faire ma volonté ? Qu’elle consente seulement à se marier à mon gré, et j’aurai en elle toute la confiance que vous voudrez.

— Vous n’avez pas le droit, voisin, d’exiger un pareil consentement. Votre fille vous laisse une voix négative ; Dieu et la nature ne vous en accordent pas davantage.

— Une voix négative ? oh ! oh ! je vais te montrer quelle est ma voix négative. Allons, retournez, obstinée que vous êtes, retournez dans votre chambre.

— En vérité, monsieur Western, vous la traitez avec un excès de rigueur. Je ne puis supporter cette façon d’agir, il faut employer avec elle des manières plus douces. C’est un devoir pour vous, elle mérite toutes sortes d’égards.

— Oui, oui, je sais ce qu’elle mérite. Maintenant qu’elle est sortie, je vais vous faire juge de ce qu’elle mérite. Tenez, monsieur, voici une lettre de ma cousine lady Bellaston, qui a la bonté de me prévenir que le drôle est sorti de prison, et qui me conseille de surveiller soigneusement la coquine. Ventrebleu ! voisin Allworthy, vous ne savez pas ce que c’est que de gouverner une fille. »