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fasse honneur dans le monde, et ne contribue infiniment à votre bonheur.

— Je voudrois être en état de faire le sien ; mais je suis convaincu, mademoiselle, que vous seule pouvez le rendre heureux ; et c’est dans cette persuasion que j’ai plaidé sa cause auprès de vous avec tant de chaleur.

— Vous êtes trompé, monsieur, vous êtes trompé… non pas par lui, j’espère… c’est bien assez qu’il m’ait trompée, moi ! M. Allworthy, je vous le répète, ne me pressez pas davantage sur ce sujet. Je serois fâchée… je me ferois scrupule de nuire à M. Jones dans votre esprit. Je désire qu’il soit heureux, je le désire de tout mon cœur. Malgré ses torts envers moi, je rends justice à ses bonnes qualités. Je ne désavoue pas mes premiers sentiments pour lui ; mais rien ne pourra jamais les faire renaître. Il n’y a pas à présent d’homme sur la terre que je sois plus décidée à refuser que M. Jones. M. Blifil lui-même ne m’inspireroit pas plus d’éloignement. »

Western attendoit depuis long-temps avec anxiété l’issue de cette conférence. Il venoit précisément d’arriver à la porte, dans le dessein d’écouter ce qui se disoit. Aux dernières paroles de sa fille, il perdit patience, et se précipita comme un furieux dans la chambre, en criant : « C’est un mensonge, c’est un odieux mensonge. Voilà