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— J’espère aussi, mademoiselle, qu’il a toutes les qualités propres à faire un bon mari. Il faudroit qu’il fût bien ingrat, si vous daigniez condescendre…

— Excusez-moi, monsieur Allworthy, je ne puis écouter une proposition de cette nature. M. Jones a certainement beaucoup de mérite, mais jamais, non jamais, je ne le recevrai comme un homme destiné à être mon époux.

— Ce langage, mademoiselle, me surprend un peu, après ce que m’a dit M. Western. Si ce jeune homme a été une fois honoré de votre estime, je me flatte qu’il n’a rien fait pour la perdre. On l’a peut-être noirci dans votre esprit, comme dans le mien. La calomnie ne l’a épargné nulle part. Malgré le bruit qui a couru, il n’est pas, je vous en réponds, un assassin.

— Monsieur Allworthy, je vous ai déclaré ma résolution ; je ne m’étonne pas de ce que mon père a pu vous dire ; mais quelques craintes qu’il ait conçues, mon cœur m’est garant qu’elles étoient sans fondement. J’ai toujours eu pour principe de ne point me marier sans son consentement. C’est, à mon gré, le devoir d’un enfant envers son père, et rien n’auroit pu m’engager à y manquer. Je ne conçois pas, en revanche, qu’un père ait le droit de contraindre son enfant à former une union directement contraire à son inclina-