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jusqu’à ce jour. M. Jones qui vous aime depuis long-temps… M. Jones est mon neveu.

M. Jones votre neveu ! monsieur… Est-il possible ?

— Oui, mademoiselle, il est mon neveu,… il est le fils de ma sœur. Je le reconnois pour tel et n’en rougis point. Je rougis plutôt de ma conduite passée envers lui ; mais j’ignorois son mérite et sa naissance. Je l’ai traité cruellement, je l’avoue ; oh oui, bien cruellement. (Ici M. Allworthy essuya ses yeux, et après une courte pause, il continua en ces termes :) Je ne parviendrai jamais, sans votre aide, mademoiselle, à le dédommager de ce qu’il a souffert. Il faut que je fasse grand cas de lui, pour oser l’offrir à la charmante Sophie. On peut, je le sais, lui reprocher quelques écarts ; mais dans le fond, il a le cœur bon, très-bon, je vous assure, mademoiselle. »

Il s’arrêta, comme pour attendre une réponse. Sophie, après s’être un peu remise du trouble où l’avoit jetée une nouvelle si étrange et si subite, lui dit : « Je vous félicite sincèrement, monsieur, d’une découverte qui paroît vous causer tant de joie. Je ne doute point qu’elle ne vous procure toute la consolation que vous pouvez vous en promettre. Ce jeune homme a mille bonnes qualités ; il ne sauroit manquer de se bien conduire envers un oncle tel que vous.