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j’y occupois. J’espère obtenir cette faveur par votre bienveillante entremise. Au nom de cette bonté dont j’ai fait, comme tous ceux qui vous connoissent, l’heureuse expérience, daignez, je vous en conjure, exaucer ma prière. Dans le moment où vous me délivrez d’une persécution, ne m’en suscitez pas une autre aussi fâcheuse et aussi inutile.

— Dieu me préserve, mademoiselle, d’un pareil dessein ! Si votre résolution est irrévocable, il faut que mon parent s’y soumette, quelque désespoir qu’il en puisse éprouver.

— J’ai peine à m’empêcher de sourire, monsieur Allworthy, en vous entendant parler du désespoir d’un jeune homme que je ne connois pas, et qui, par conséquent, doit me connoître peu.

— Pardonnez-moi, chère Sophie, je commence à craindre qu’il ne vous connoisse que trop pour son repos ; car s’il fut jamais une passion sincère, noble et violente, c’est sans contredit celle que ressent pour miss Western mon malheureux neveu !

— Votre neveu ! monsieur Allworthy ; quoi ! vous avez un autre neveu que M. Blifil ? Cela est bien singulier, je n’en avois jamais ouï parler.

— La seule chose que vous ignoriez, mademoiselle, c’est que le jeune homme dont je vous parle étoit mon neveu ; et je l’ignorois moi-même