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tendre quelque chose qui vous causera autant de surprise que d’affliction.

— Parlez, ma conscience ne me reproche rien ; et il n’y a rien, en conséquence, que je craigne d’entendre.

— Monsieur, ce Summer, ce fils de votre ami, élevé à vos frais, nourri pendant un an dans votre maison comme un enfant adoptif, qui y mourut de la petite vérole, que vous regrettâtes si vivement, à qui vous rendîtes les mêmes honneurs funèbres que s’il eût été votre fils, ce Summer, monsieur, étoit le père de l’enfant.

— Comment ? vous êtes en contradiction avec vous-même.

— Non, monsieur ; il étoit réellement le père de l’enfant ; mais je ne suis point sa mère.

— Prenez garde, madame, ne cherchez point à vous justifier d’un crime par un mensonge. Songez qu’il est un juge suprême à qui vous ne pouvez rien cacher ; et que devant son tribunal, le mensonge ne fera qu’aggraver votre faute.

— Non, monsieur, je ne suis point sa mère, et je ne voudrois pas aujourd’hui me croire telle, pour tout l’or du monde.

— J’en sais la raison. Je me réjouirois autant que vous d’être assuré du contraire. Cependant souvenez-vous de l’aveu que vous m’avez fait autrefois.