de me croire, vos doutes ne tarderont pas à s’éclaircir. Plût à Dieu que vous vous fussiez trompé sur la mère de ce jeune homme, comme vous l’avez fait sur son père ! » Pressé par M. Allworthy de s’expliquer, il lui découvrit d’une voix tremblante et avec un mouvement d’horreur, le fatal secret qu’un moment auparavant il avoit tant recommandé à mistress Miller de lui cacher.
Cette affreuse révélation ne causa pas à M. Allworthy moins de saisissement qu’à Partridge. « Juste ciel ! dit-il, dans quel abîme de maux le vice et l’imprudence précipitent les hommes ! à quels coupables excès ils se trouvent souvent entraînés malgré eux ! »
Comme il achevoit ces mots, mistress Waters entra brusquement dans la chambre. À sa vue, Partridge s’écria : « La voici, monsieur ; voici la malheureuse mère de M. Jones ! Elle va, j’en suis sûr, me justifier devant vous. Je vous prie, madame… »
Mistress Waters, sans écouter Partridge, sans paroître même s’apercevoir de sa présence, s’avança vers M. Allworthy. « Il y a si long-temps, monsieur, lui dit-elle, que je n’ai eu l’honneur de vous voir, qu’il est possible que vous ne me reconnoissiez pas.
— En effet, madame, répondit M. Allworthy, vous êtes fort changée à beaucoup d’égards ; et