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d’aller à Gate-House ; mais si vous vous y rendiez sur-le-champ, je redouterois les conséquences de cette démarche. Vous devez penser, monsieur, que les malheurs qui ont accablé depuis peu le pauvre jeune homme, ont dû le jeter dans un extrême abattement. Une visite aussi inopinée lui causeroit un transport de joie qui pourroit avoir des suites fâcheuses, dans un moment surtout où son domestique, qui est ici, m’assure qu’il ne jouit pas d’une bonne santé.

— Son domestique est ici ! s’écria M. Allworthy, allez lui dire, je vous prie, de venir me parler. Je veux lui faire quelques questions relatives à son maître. »

Partridge eut peur d’abord de paroître devant M. Allworthy. Mistress Miller, à qui il avoit souvent conté son histoire, le rassura en lui promettant de l’accompagner.

M. Allworthy reconnut Partridge au premier coup d’œil, quoiqu’il ne l’eût pas vu depuis un grand nombre d’années. Mistress Miller auroit donc pu s’épargner les frais d’un préambule assez prolixe ; mais on a déjà pu s’apercevoir que la bonne femme qui possédoit tant de qualités précieuses, avoit encore une langue toujours prête à servir ses amis.

« Vous êtes, dit M. Allworthy à Partridge, le domestique de M. Jones ?