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Harrington et Brewster m’ont déclaré que mon mal étoit incurable.

« J’ai lu quelque part que le principal but de la philosophie étoit d’apprendre à mourir. Je ne déshonorerai donc point la mienne, en paroissant surpris de recevoir une leçon à laquelle j’ai dû me préparer de longue main. Toutefois, à dire vrai, l’Évangile nous en apprend plus en une page, sur ce sujet, que tous les ouvrages des philosophes anciens et modernes. L’assurance qu’il nous donne d’une autre vie est pour un bon esprit un plus ferme soutien, que les consolations tirées de l’impérieuse loi de la nature, du néant des choses humaines et de la vanité des plaisirs de ce monde. Ces lieux communs peuvent quelquefois nous armer d’un aveugle courage contre la mort, et nous aider à en supporter la pensée ; mais ils ne nous inspireront jamais la force de la mépriser, beaucoup moins encore de la regarder comme un bien.

« Qu’on ne se figure pas que je veuille flétrir ici de l’odieux nom d’athées, ou de matérialistes tous ceux qu’on appelle philosophes. Un grand nombre d’entre eux tant anciens que modernes, guidés par les seules lumières de la raison, ont conçu quelque espérance d’un état futur ; mais dans le fait cette lumière étoit si foible, cette espérance si incertaine, qu’il est permis de dou-