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une extrême joie, et lui dit que, sans oser prétendre désormais à la possession de l’incomparable miss Western, il ne pouvoit éprouver de plus grand adoucissement à ses peines que la pensée de la savoir heureuse.

Le reste de l’entretien ne mérite pas de trouver place ici. Le lecteur nous pardonnera donc de le passer sous silence. Il vaut mieux lui expliquer d’où provenoit ce vif retour de tendresse de l’écuyer pour sa fille.

Mistress Western, en arrivant chez son frère, commença par lui vanter avec beaucoup d’emphase l’honneur et les avantages qui reviendroient à la famille d’une alliance avec le lord Fellamar, et se plaignit amèrement du refus obstiné de Sophie. L’écuyer ayant approuvé la conduite de sa fille, mistress Western s’emporta aussitôt avec tant de violence contre son frère, qu’il perdit à la fois toute patience et toute réserve. Il s’ensuivit entre eux une dispute telle qu’on n’en a jamais entendu de pareille à Billingsgate[1]. Mistress Western étant sortie dans le fort de la querelle, n’eut heureusement ni le temps ni peut-être l’idée de parler à son frère de la lettre que Sophie avoit reçue.

Après le départ de mistress Western, Sophie qui

  1. On a déjà dit que Billingsgate étoit le marché au poisson de Londres.Trad.