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maîtresse est l’objet de son chagrin, j’ai des nouvelles à lui apprendre…

— Que dites-vous, Georges ? s’écria Jones ; est-il arrivé depuis peu quelque événement où ma Sophie soit intéressée ?… Ma Sophie ! misérable que je suis ! comment osé-je profaner ainsi son nom ?

— J’espère, répliqua Georges, qu’elle sera encore votre Sophie. Oui, monsieur, j’ai à vous conter quelque chose qui la concerne. Madame Western vient de la ramener chez son père, et il y a eu bien du bruit à cette occasion. Je n’ai pu en savoir au juste la cause ; mais mon maître étoit dans une furieuse colère, et madame Western aussi. Je l’ai entendue déclarer, en remontant dans sa chaise à porteurs, que de sa vie elle ne remettroit les pieds chez mon maître. Encore une fois j’ignore ce dont il s’agissoit, mais tout étoit parfaitement tranquille quand je suis sorti. Robin qui servoit au souper m’a dit qu’il n’avoit pas vu depuis long-temps l’écuyer de si bonne humeur avec notre jeune maîtresse. Il l’a embrassée plusieurs fois en jurant qu’elle feroit à l’avenir tout ce qu’elle voudroit, et qu’il ne songeroit plus jamais à l’enfermer. J’ai cru, monsieur, que cette nouvelle vous seroit agréable, et quoiqu’il fût déjà tard, je me suis échappé pour venir vous l’apprendre. »

Jones assura Black Georges qu’il en ressentoit