Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/327

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quand nous nous séparâmes à Upton, j’étois loin de penser que notre première entrevue auroit lieu dans un pareil séjour.

— Je dois, madame, vous rendre grace de votre visite. Il est rare qu’on aille chercher les malheureux, surtout dans ces sombres demeures.

— En vérité, M. Jones, j’ai peine à me persuader que vous soyez le charmant jeune homme que j’ai vu à Upton. Il n’y a point de prison dont l’aspect soit aussi lugubre que votre figure. Que vous est-il donc arrivé ?

— Je pensais, madame, qu’instruite de ma captivité, vous en saviez aussi la déplorable cause.

— Je sais que vous avez blessé un homme en duel ; voilà tout. »

Jones s’indigna de ce ton de légèreté, et témoigna une extrême douleur de ce qui s’étoit passé.

« Eh bien, monsieur, répondit mistress Waters, si vous prenez la chose si fort à cœur, je puis vous tranquilliser. Votre adversaire n’est pas mort, et j’ai presque la certitude que sa vie ne court aucun risque. Le chirurgien qui l’a pansé d’abord étoit un jeune homme qui s’est plu à représenter sa blessure comme très-grave, afin que la cure lui fît plus d’honneur ; mais le chirurgien du roi l’a vu depuis, et il assure qu’à moins que