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gardent en pareille circonstance une femme, une mère, une sœur, et quelquefois toute une famille comme leur meilleur rempart. La première confidence qu’il fit à mistress Waters ne lui échappa qu’après qu’on l’eut transporté chez lui, de l’auberge où sa blessure avoit été pansée.

M. Fitz-Patrick n’avoit jamais su raconter clairement une histoire. Peut-être s’embrouilla-t-il ce jour-là un peu plus que de coutume. En effet, mistress Waters fut quelque temps avant de comprendre que l’auteur de sa blessure étoit ce même jeune homme qui lui en avoit fait une dans le cœur, sinon mortelle, du moins assez profonde pour qu’elle en conservât encore la cicatrice. Elle n’eut pas plus tôt appris que M. Jones étoit détenu comme assassin à Gate-House, que laissant M. Fitz-Patrick aux soins de sa garde, elle courut rendre visite au prisonnier.

Elle entra dans sa chambre avec un air de gaîté que dissipa subitement la sombre tristesse empreinte sur la physionomie de Jones. Il tressaillit à sa vue.

« Je ne m’étonne point de votre surprise, lui dit-elle. Vous ne vous attendiez sûrement pas à me voir. On ne reçoit guère ici des visites d’une femme, à moins que ce ne soit de la sienne. Jugez, M. Jones, du pouvoir que vous avez sur moi.