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— Je n’ai pas, je vous jure, de pareille lettre dans ma poche ; et s’il est un assassin, il sera bientôt hors d’état de vous causer de l’inquiétude.

— Comment avez-vous l’audace, miss Western, de parler ainsi de lui, et de m’avouer en face votre amour pour ce scélérat ?

— Vous donnez, madame, à mes paroles une interprétation bien étrange.

— Je ne souffrirai pas, miss Western, que vous manquiez davantage au respect que vous me devez. C’est de votre père que vous avez appris à vous conduire de la sorte avec moi ; c’est lui qui vous a instruite à me donner un démenti. Il vous a perdue sans retour par son faux système d’éducation ; et grace au ciel il recueillera le fruit de ses œuvres. Encore une fois, je vous déclare que demain matin je vous ramène chez lui. Je retire toutes mes troupes du champ de bataille ; et comme le sage roi de Prusse, je me renferme dans une exacte neutralité. Vous êtes tous deux trop sensés pour avoir besoin de mes conseils : ainsi donc, faites vos préparatifs ; car demain matin vous évacuerez cette maison. »

Sophie se récria contre la rigueur de cet arrêt ; sa tante ne daigna pas l’écouter. Nous la laisserons persister dans sa résolution, puisque aussi bien il n’y a, selon toute apparence, aucun espoir de l’engager à en changer.