faire entrer chez elle la femme qui avoit apporté la lettre, si elle revenoit.
Malheureusement mistress Miller revint au moment où Sophie étoit avec le lord. Betty, selon l’ordre qu’elle avoit reçu, la conduisit aussitôt chez mistress Western. Celle-ci, déjà instruite en grande partie de ce qui s’étoit passé la veille, persuada aisément à la bonne femme que Sophie ne lui avoit rien caché, et tira d’elle par ce moyen ce qu’elle savoit au sujet de la lettre et de Jones.
La pauvre créature étoit la simplicité même. On pouvoit, sans injustice, la ranger dans la classe de ces personnes toujours prêtes à croire tout ce qu’on leur dit. En fait de ruse, la nature ne les a pourvues d’aucune arme offensive ni défensive ; de sorte qu’elles sont à la merci de quiconque veut faire seulement, pour les tromper, les frais d’un petit mensonge. Mistress Western n’eut pas de peine à obtenir d’elle une entière confidence. Ce qu’elle en apprit étoit peu de chose, mais ce peu lui donna beaucoup à penser. Elle la congédia en l’assurant que Sophie ne la verroit pas, qu’elle ne répondroit pas à la lettre et n’en recevroit pas d’autres. Avant de la renvoyer, elle lui fit une sévère mercuriale sur le honteux métier d’entremetteuse qu’elle ne rougissoit point de remplir.
Cet entretien avoit déjà disposé d’une manière