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entre Sophie et sa tante, il est à propos de faire connoître un événement fâcheux qui avoit occasionné la fureur et le brusque retour de mistress Western.

Le lecteur saura donc que la femme de chambre actuelle de Sophie étoit entrée à son service sur la recommandation de lady Bellaston, chez qui elle avoit passé quelque temps en qualité de coiffeuse. C’étoit une fille d’esprit ; on l’avoit chargée de surveiller soigneusement la jeune personne. Elle tenoit ses instructions (il nous en coûte de le dire) de mistress Honora, que lady Bellaston avoit su si bien gagner, que l’ancienne et vive affection de cette créature pour Sophie, étoit entièrement effacée par son dévouement sans bornes à sa nouvelle maîtresse.

Or, dès que mistress Miller eut quitté Sophie, Betty (c’étoit le nom de la femme de chambre), retourna auprès d’elle et la trouva occupée à lire attentivement une longue lettre. L’altération visible qu’elle remarqua dans ses traits auroit suffi pour exciter les soupçons qu’elle conçut ; mais ils avoient encore un fondement plus solide, car elle avoit entendu toute la conversation de Sophie et de mistress Miller.

Betty alla rendre compte de ses observations à mistress Western. Cette dame loua son zèle, récompensa sa fidélité, et lui donna l’ordre de