Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.

prive de ce plaisir. Prenez grand soin de vous, appelez le meilleur médecin. J’espère que votre indisposition n’aura pas de suites. Des importuns m’obsèdent depuis le matin, et me laissent à peine le temps de vous écrire un mot. Adieu.

« P. S. Je tâcherai d’aller vous voir ce soir à neuf heures. Arrangez-vous pour être seul. »

Comme il achevoit la lecture de cette lettre, mistress Miller entra chez lui. Elle usa d’abord de circonlocutions polies, et lui dit ensuite sans détour : « Je suis très-fâchée, monsieur, du sujet qui m’amène chez vous ; mais vous sentirez, j’espère, le tort que feroient à la réputation de mes filles les propos qu’on pourroit tenir sur ma maison. Ne trouvez donc pas extraordinaire que je vous supplie de ne plus recevoir de femmes chez vous, si avant dans la nuit. Il en est sorti une ce matin de votre appartement à deux heures après minuit.

— Je vous assure, madame, répondit Jones, que des deux femmes qui sont venues chez moi hier au soir, l’une n’a fait que me remettre une lettre, et l’autre qui ne m’a quitté qu’assez tard, est une dame de distinction et ma proche parente.

— J’ignore sa qualité, reprit mistress Miller, mais je suis sûre qu’une honnête femme ne vient point chez un jeune homme à dix heures du soir,