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Mistress Miller renouvela ses instances, et la conjura de l’excuser en lui disant qu’elle ne pouvoit remporter la lettre.

« Eh bien ! madame, répartit Sophie, si vous persistez dans votre résolution, je ne saurois m’y opposer. Vous pouvez certainement laisser ici cette lettre, que j’y consente ou non. »

Nous ne dirons point quelle étoit l’intention de Sophie, ni même si elle en avoit une, en faisant cette réponse. Quoi qu’il en soit, mistress Miller l’interpréta comme une invitation à laisser la lettre. Elle la posa sur la table et se retira, après avoir demandé la permission de revenir : ce qui ne lui fut ni accordé ni refusé.

La lettre ne resta sur la table que le temps nécessaire pour que mistress Miller sortît de la chambre. Sophie l’ouvrit alors et s’empressa de la lire. Cette lettre servit médiocrement les intérêts de Jones : elle ne contenoit guère que l’aveu de son indignité, d’amers regrets, et des protestations d’une fidélité à toute épreuve. Il espéroit, disoit-il, convaincre Sophie de son inaltérable attachement, s’il avoit encore l’honneur d’être admis en sa présence. Il l’assuroit aussi qu’il étoit en état de lui expliquer les motifs de sa lettre à lady Bellaston, de manière à mériter sinon son pardon, du moins sa pitié. Il finissoit par attester que jamais il n’a-