Après les révérences et les politesses ordinaires entre des femmes étrangères l’une à l’autre : « Madame, dit Sophie, je n’ai pas le plaisir de vous connoître.
— Cela est vrai, madame, et je dois vous prier d’excuser mon indiscrétion ; mais quand vous en saurez le motif, j’espère…
— Veuillez me dire, madame, reprit Sophie avec un peu d’émotion, quelle affaire vous amène chez moi.
— Madame, répartit mistress Miller à voix basse, nous ne sommes pas seules.
— Sortez, Betty, dit Sophie. »
Quand Betty fut sortie : « Madame, continua mistress Miller, un jeune homme bien malheureux m’a chargée de vous remettre cette lettre. »
À la vue de l’adresse, dont elle reconnut d’abord l’écriture, Sophie changea de couleur ; puis ayant hésité un moment : « Je n’aurois pas cru sur votre physionomie, madame, dit-elle, que vous fussiez chargée d’un pareil message. De quelque part que vienne cette lettre, je ne l’ouvrirai point. Je serois fâchée de soupçonner à tort qui que ce soit ; mais vous m’êtes entièrement inconnue.
— Si vous voulez, madame, avoir un instant de patience, je vous apprendrai qui je suis, et comment cette lettre se trouve entre mes mains.
— Je n’ai, madame, nulle curiosité de le savoir,