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rer qu’il vous a les mêmes obligations que moi. Faut-il que j’aille trouver la jeune personne ? Je lui dirai tout ce que vous voudrez.

— Ô la meilleure des femmes, s’écria Jones en lui prenant la main, ne me parlez pas d’obligations ; mais puisque vous avez eu la bonté de m’offrir votre assistance, il est un service que vous pouvez peut-être me rendre. Vous connoissez, je le vois, sans que je devine comment, celle qui a tant d’empire sur mon cœur. S’il vous étoit possible de trouver le moyen de lui remettre cette lettre, je vous en saurois un gré infini.

— Donnez-la-moi : si je dors avant de la lui voir entre les mains, que ce soit mon dernier sommeil ! Consolez-vous, bon jeune homme ; soyez assez sage pour profiter de vos fautes passées ; je vous garantis que tout ira bien, et que je vous verrai heureux avec la jeune personne la plus charmante qu’il y ait sur la terre ; car c’est ainsi que je l’entends nommer partout le monde.

— Croyez-moi, madame, je ne vous tiens pas ici le langage ordinaire à ceux qui sont dans ma triste situation. J’avois résolu, avant cette fatale aventure, de renoncer à un genre de vie dont je sentois l’extravagance et la perversité. Malgré le scandale que j’ai eu le malheur de causer dans votre maison, et que je vous supplie de me pardonner, je ne suis point, je vous le proteste, un