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sera plutôt fortifiée que détruite par le temps. J’ai d’ailleurs, mon enfant, une autre inquiétude que vous devez me pardonner, j’appréhende que votre passion pour cette jeune et jolie personne n’ait trop en vue sa beauté, et ne soit pas ce pur amour qui est l’unique fondement du bonheur dans le mariage. Admirer une belle femme, être épris de ses charmes, en désirer vivement la possession sans égard à ses sentiments pour nous est, je le crains, une chose trop naturelle ; mais je crois que l’amour seul produit l’amour. Je suis persuadé du moins qu’il est contre nature d’aimer qui nous hait. Interrogez donc votre cœur, mon cher enfant, et si après un sérieux examen il vous reste le moindre doute sur la pureté de vos intentions, les principes de vertu et de religion dont vous êtes animé, vous engageront, je pense, à bannir de votre ame une passion répréhensible, et votre raison vous rendra ce triomphe facile. »

Le lecteur peut deviner aisément la réponse de Blifil : s’il n’y réussit pas, nous ne saurions satisfaire en ce moment sa curiosité. Il nous tarde d’arriver à des événements d’un plus grand intérêt, et d’aller retrouver notre héroïne que nous avons quittée depuis trop long-temps.