Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/262

Cette page a été validée par deux contributeurs.

celui de ma petite famille. Nous devons tous le bénir tant que nous vivrons ; et puisse le ciel le bénir aussi, et changer le cœur de ses ennemis ; car je sais, et je vois qu’il en a de bien perfides.

— Vous m’étonnez de plus en plus, madame. Sans doute vous vous trompez. Il est impossible que vous ayez de pareilles obligations au jeune homme dont parle mon neveu.

— Pardonnez-moi, monsieur, je lui ai les plus grandes, les plus sensibles obligations. Il a été, je le répète, mon sauveur et celui des miens. Croyez-moi, monsieur, on l’a calomnié, grossièrement calomnié auprès de vous, j’en suis sûre ; autrement vous qui êtes la bonté, la justice même, pourriez-vous, après l’éloge que vous m’avez fait souvent du caractère et des sentiments de ce malheureux enfant, pourriez-vous pousser le mépris pour lui jusqu’à le traiter de garnement ? Ô mon respectable ami, vous ne lui feriez pas cette injure, si vous l’aviez entendu, comme moi, parler en termes si touchants, de vos vertus, de votre générosité, de sa reconnoissance. Il ne prononce votre nom qu’avec une sorte d’adoration. Je l’ai vu dans cette chambre où nous sommes, appeler à genoux sur votre tête les bénédictions du ciel. Ma petite Betsy ici présente m’est bien chère : et pourtant je n’ai pas plus de tendresse pour elle qu’il n’en a pour vous.