donc notre ami ne trouve pas quelque moyen naturel de sortir de l’abîme où il est plongé, nous ne ferons violence en sa faveur, ni à la vérité, ni à la dignité de l’histoire. Il nous en coûteroit moins d’avoir à raconter sa fin tragique à Tyburn (catastrophe assez probable), que de démentir notre véracité habituelle, ou de choquer la croyance du lecteur.
Les anciens avoient à cet égard un grand avantage sur les modernes. Leur mythologie qui trouvoit dans l’esprit du vulgaire une foi plus vive qu’aucune religion de nos jours, leur offroit sans cesse la facilité de secourir un personnage favori. L’écrivain avoit sous la main des dieux prêts à le servir ; et plus ses inventions étoient extraordinaires, plus elles causoient de surprise et de plaisir au crédule lecteur. Il lui étoit plus aisé de transporter son héros d’un pays, ou même d’un monde dans un autre, qu’à un auteur moderne de tirer le sien de prison.
Les Arabes et les Persans qui croyoient fermement, sur l’autorité du Coran, à l’existence des fées et des génies, jouissoient du même privilége dans la composition de leurs contes. Mais tous ces secours nous manquent, et nous sommes réduit aux seuls moyens naturels. Voyons pourtant l’usage que nous en pourrons faire en faveur de Jones ; quelle que soit déjà son infortune, une