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rel ne sauroit guère souhaiter à sa rivale plus d’affliction que Sophie ne doit en éprouver en ce moment. Que manqueroit-il donc pour compléter la tragédie ? un meurtre ou deux, et quelques sentences philosophiques.

Mais tirer nos deux amants de leur cruelle position, les sauver du désespoir et les conduire enfin dans le port du bonheur, semble une entreprise beaucoup plus difficile, si difficile en effet que nous n’osons la tenter. Quant à Sophie, il est à peu près certain que nous lui trouverons tôt ou tard un parti sortable, soit Blifil, soit le lord Fellamar, ou quelque autre : mais que faire du pauvre Jones ? Victime d’une imprudence qui, tout excusable qu’elle peut paroître aux yeux du monde, n’en met pas moins sa vie dans un péril imminent, il est à présent si malheureux, si dépourvu d’amis, si accablé d’ennemis, que nous désespérons presque de son salut ; et nous pensons que ceux de nos lecteurs qui aiment à voir des exécutions, n’ont pas un instant à perdre, pour s’assurer une bonne place à Tyburn.

Malgré l’affection qu’on a lieu de nous supposer pour ce mauvais sujet dont nous avons, par malheur, fait notre héros, nous promettons solennellement de ne lui prêter aucun de ces secours surnaturels qui sont toujours à notre disposition, dans les circonstances importantes. Si