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— Vous m’avez vu à Upton ? Ah ! parbleu, je crois que vous vous nommez Jones ?

— C’est vrai.

— Sur mon ame, vous êtes justement l’homme que je cherchois. Oui, je vais aller boire une bouteille de vin avec vous ; mais auparavant, monsieur le coquin, recevez ce coup de poing ; et sur mon ame, si vous ne m’en rendez pas raison, je vous en donnerai un second. » En même temps il tira son épée et se mit en garde ; car tout son savoir se bornoit à l’art de l’escrime.

Jones fut un peu étourdi d’une attaque si imprévue ; mais, recouvrant aussitôt sa présence d’esprit, il se prépara au combat. Quoique novice dans le métier des armes, il chargea avec vigueur son adversaire, écarta adroitement son épée et lui enfonça la moitié de la sienne dans le corps ; Fitz-Patrick ne se sentit pas plus tôt blessé qu’il recula quelques pas, laissa tomber la pointe de son épée vers la terre, et s’appuyant dessus : « J’en ai assez, dit-il, je suis un homme mort.

— J’espère que non, répartit Jones ; mais quelles que soient les suites de votre blessure, vous conviendrez que vous ne pouvez les imputer qu’à vous-même. »

À l’instant plusieurs hommes de mauvaise mine se précipitèrent sur Jones et se saisirent de lui. Il leur dit qu’il n’avoit nul dessein de faire