Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’éloge d’une des cousines ressembloit trop à la critique de l’autre.

« Je ne crois pas, monsieur, répartit avec quelque chaleur mistress Fitz-Patrick, qu’il y ait rien de plus aisé que de tromper par des protestations d’amour une vieille femme de complexion amoureuse ; et, (j’en demande pardon à ma tante) il n’y en eut jamais une plus inflammable qu’elle. Ne pouvez-vous pas feindre que le désespoir d’obtenir la main de sa nièce, puisqu’elle est promise à Blifil, vous a fait tourner vos vues vers elle ? Quant à ma cousine Sophie, je ne saurois m’imaginer qu’elle soit assez folle pour éprouver à ce sujet le moindre scrupule, ou pour trouver mauvais qu’on punisse une de ces mégères que la loi devroit châtier des maux sans nombre qu’elles attirent sur leurs familles, par leurs passions tragi-comiques. Moi qui vous parle, je ne fus pas si timorée ; et cependant j’ose dire, sans craindre d’offenser Sophie, que sa cousine déteste autant qu’elle-même le mensonge. Pour ce qui est de ma tante, je ne pense pas lui devoir du respect, et elle n’en mérite point. Au reste, monsieur, je vous ai donné mon avis. Si vous refusez de le suivre, j’en aurai moins bonne opinion de votre jugement… Voilà tout. »

Jones s’aperçut de la faute qu’il avoit commise et tâcha de la réparer ; mais il ne fit que balbu-