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être sûr de ne pas le manquer dans la matinée ; et de cette façon il ne reçut point le contre-ordre que le lord avoit envoyé chez lui.

Le lendemain du jour destiné à l’enlèvement de Sophie, lord Fellamar, ainsi qu’on l’a dit, fit une visite à lady Bellaston. Elle lui conta tant de traits de la bizarrerie de M. Western, qu’il vit clairement combien il avoit eu tort de s’offenser de ses propos, n’ayant surtout que des vues honorables sur sa fille. Il peignit à lady Bellaston la violence de sa passion. Cette dame entra aussitôt dans ses intérêts, et ranima son courage par l’assurance positive que sa demande seroit favorablement accueillie des principaux membres de la famille et du père lui-même, quand revenu à la raison, il en connoîtroit les avantages. « Je ne vois, dit-elle, qu’un obstacle à l’accomplissement de vos vœux ; c’est le jeune aventurier dont je vous ai déjà parlé. Quoique ce soit un misérable, un vagabond, il a trouvé le secret, je ne sais comment, de se procurer des habits passables, et de jouer le rôle d’un homme comme il faut. Pour l’amour de ma cousine, j’ai tâché de découvrir sa demeure, et j’en suis venue à bout. Milord, ajouta-t-elle après lui avoir donné son adresse, un tel rival n’est pas digne de vos coups. Ne vous seroit-il pas possible d’imaginer quelque moyen de le faire presser et conduire à bord d’un