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réitérées de M. Western. Il ne lui restoit plus qu’à déterminer M. Allworthy à renouveler sa demande : difficulté capable d’effrayer un génie moins hardi que le sien ; mais ce jeune homme avoit la conscience de ses talents, et toutes les entreprises dont le succès dépendoit de la ruse lui paroissoient faciles à exécuter.

Il peignit à son oncle l’ardeur de sa flamme et l’espoir de vaincre, par sa persévérance, l’aversion de miss Western. Il demanda que dans une affaire d’où dépendoit le bonheur de sa vie, il lui fût du moins permis d’essayer tous les moyens honnêtes de succès. « À Dieu ne plaise, dit-il, que j’en emploie jamais d’autres ! D’ailleurs, mon cher oncle, si mes tentatives sont infructueuses, vous serez toujours à temps de me refuser votre consentement. » Il insista sur le vif désir que montroit M. Western de conclure le mariage ; il énuméra longuement les torts de Jones, lui imputa tout ce qui étoit arrivé, et finit par dire que ce seroit faire un acte de charité, que de préserver de ses piéges une jeune personne du plus rare mérite.

Thwackum seconda de son mieux ces arguments. Il appuya avec plus de force encore que n’avoit fait Blifil sur le respect dû à l’autorité paternelle. Il attribua les mesures que son élève vouloit prendre, à des principes de religion.