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lant. Il prononce chaque mot distinctement, et une fois plus haut que l’autre. Il est aisé de voir que c’est là un acteur. »

Pendant ce colloque entre mistress Miller et Partridge, une femme s’approcha de Jones qui la reconnut sur-le-champ. C’étoit mistress Fitz-Patrick. Elle l’avoit vu, lui dit-elle, de l’autre côté de la galerie, et saisissoit cette occasion de l’informer qu’elle avoit à l’entretenir d’une affaire très-importante. Elle lui donna son adresse et un rendez-vous pour le lendemain matin, puis par réflexion elle le remit à l’après-midi. Jones promit de se rendre exactement chez elle.

Ainsi se termina l’aventure de la comédie, où Partridge divertit beaucoup, non-seulement M. Jones et mistress Miller, mais encore tous ses voisins, qui firent plus d’attention à ce qu’il disoit qu’à ce qui se passoit sur la scène. Il n’osa pas se coucher cette nuit-là, de peur du fantôme. Pendant les nuits suivantes il ne s’endormit qu’au bout de deux ou trois heures, tout baigné d’une sueur froide, et se réveilla nombre de fois frappé de terreur, en s’écriant : « Dieu ait pitié de moi ! le voilà ! »