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Elle a demeuré avec vous plus d’une année entière, sans que je l’aie vue une seule fois pendant ce temps.

— Et c’eût été un bonheur pour elle d’être toujours restée avec moi. Rien de semblable à ce que nous voyons, ne seroit arrivé sous mes yeux.

— Ah ! sans doute, c’est moi seul qu’il faut blâmer !

— Oui, mon frère, c’est vous seul qu’il faut blâmer ; je vous l’ai dit souvent, et je crains d’être obligée de vous le répéter encore bien des fois. Cependant j’espère que vous vous corrigerez, et que vous profiterez de vos erreurs passées, pour ne pas déjouer par de nouvelles bévues la sagesse de mes combinaisons. En vérité, mon frère, vous n’êtes nullement propre à des négociations délicates. Toute votre politique est fausse. J’exige donc que vous ne vous mêliez de rien. Souvenez-vous seulement de ce qui s’est passé.

— Morbleu, ma sœur, que voulez-vous que je vous dise ? vous me feriez donner au diable.

— Allons, vous voilà revenu à votre vieille habitude. Je vois, mon frère, qu’il n’y a pas moyen de vous parler raison. J’en appelle à M. Supple, qui est un homme de sens. Ai-je rien dit dont qui que ce soit pût s’offenser ? Mais vous avez si mauvaise tête !

— De grace, madame, s’écria le ministre, n’irritez pas M. votre frère.