Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/205

Cette page a été validée par deux contributeurs.

soir même de mon arrivée à Londres, j’ai été la chercher chez ma cousine lady Bellaston, et je n’ai cessé de veiller sur elle depuis. Elle ne peut non plus s’échapper qu’un renard pris dans un sac, je vous en réponds.

— Bon Dieu ! qu’entends-je ? je m’étois bien doutée que vous feriez quelque sottise, si vous vous rendiez à Londres ; mais vous l’avez voulu ; je n’ai point à me reprocher d’y avoir consenti. Ne m’aviez-vous pas promis, mon frère, que vous ne prendriez point de mesures violentes ? N’est-ce pas ainsi que vous avez forcé ma nièce de s’enfuir de chez vous ? Voulez-vous la réduire à faire une nouvelle escapade ?

— Tudieu ! s’écria l’écuyer en jetant sa pipe à terre, a-t-on jamais rien entendu de pareil ? me voir traiter de la sorte, quand je comptois ne recevoir de vous que des éloges !

— Comment ! mon frère, vous ai-je donné sujet de croire que je vous louerois de tenir votre fille enfermée ? Ne vous ai-je pas dit cent fois que, dans un pays libre, il n’est pas permis d’exercer sur les femmes un pouvoir arbitraire ? Nous avons les mêmes droits que les hommes à la liberté, et je voudrois de bon cœur n’être pas dans le cas de dire, que nous en sommes plus dignes qu’eux. Si vous souhaitez que je reste un moment de plus dans ce misérable gîte, que je