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souffrances n’exerce aucune influence sur votre tendre cœur. Croyez-moi, mademoiselle, je vous aime cent fois plus que moi-même ; mon unique but est votre bonheur. Le premier de mes vœux (et pourquoi la fortune ne l’exauceroit-elle pas ?) fut et, permettez-moi de le dire, sera toujours de vous voir la plus heureuse des femmes, le second est d’apprendre que vous l’êtes : mais nul malheur n’égalera le mien, tant que je croirai que vous devez un instant de peine à celui qui est, mademoiselle, dans tous les sens et à tous égards, votre dévoué,

« Thomas Jones. »

Nous laissons au lecteur à deviner ce que dit, ce que fit, ou pensa Sophie de cette lettre, combien de fois elle la lut, ou si elle la lut plus d’une fois. Peut-être verra-t-on par la suite sa réponse. Nous ne saurions la donner à présent, parce qu’elle n’en fit pas dans le moment ; et cela pour plusieurs bonnes raisons dont la meilleure est qu’elle n’avoit ni papier, ni plumes, ni encre.

Le soir, tandis que Sophie réfléchissoit sur la lettre qu’elle avoit reçue, ou sur quelque autre sujet, un bruit violent qui partoit de l’appartement au-dessous du sien troubla ses méditations. Ce bruit provenoit d’une vive dispute entre deux personnes. Sophie distingua aussitôt dans les cris