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CHAPITRE II



LETTRES ET INTRIGUES D’AMOUR.

Jones, à peine rentré chez lui, reçut la lettre suivante :

« Je n’ai jamais été plus surprise qu’en apprenant que vous étiez parti. Quand vous êtes sorti du salon, j’étois loin de penser que vous eussiez l’intention de vous en aller sans me voir. Votre conduite ne se dément pas ; elle me prouve combien je dois mépriser un cœur capable de s’enflammer pour une idiote. J’ignore cependant ce que je dois admirer le plus de sa ruse, ou de sa simplicité. L’une et l’autre sont en vérité bien étonnantes. Sans savoir un mot de ce qui s’est passé entre nous, elle a eu l’adresse, l’effronterie, la… que dirai-je enfin ? de me nier en face qu’elle vous eût jamais vu. Étoit-ce un plan concerté entre vous ? Avez-vous eu la bassesse de me trahir ? Oh ! quel mépris je me sens pour elle, pour vous, pour tout le monde, pour moi surtout, car…