il en fut quitte pour une réprimande que l’écuyer lui fit en riant.
Georges savoit que miss Western aimoit fort les œufs de poulettes, de perdrix et de faisans. Ainsi on ne doit pas s’étonner qu’étant doué d’un bon naturel, il eût pris soin de la régaler de cette espèce de friandise, dans un moment où tous les domestiques de la maison craignoient qu’elle ne se laissât mourir de faim ; car elle n’avoit presque rien pris depuis quarante-huit heures.
Bien que le chagrin ne produise pas sur tout le monde le même effet qu’il a coutume de produire sur une veuve, dont il aiguise souvent l’appétit plus que ne feroit l’air vif des dunes de Bansted, ou de la plaine de Salisbury, il finit toujours, quoi qu’on en dise, par céder à la faim. Sophie, après quelques instants de réflexion, se mit à couper la volaille, et la trouva remplie d’œufs, comme Georges le lui avoit dit.
À cette découverte très-agréable pour elle, s’en joignit une autre bien capable d’exciter l’attention d’une compagnie de savants. Si un oiseau à trois pattes, phénomène dont on citeroit peut-être mille exemples, passe pour un objet infiniment curieux, que penser d’une volaille qui, contre toutes les lois de l’économie animale, renferme une lettre dans son sein ? Ovide nous raconte la métamorphose du jeune Hyacinthe en