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CHAPITRE III.



CE QUI ARRIVE À SOPHIE PENDANT SA CAPTIVITÉ.

La maîtresse de la maison où logeoit l’écuyer n’avoit pas tardé à concevoir une étrange opinion de son hôte. Cependant comme elle savoit que c’étoit un homme fort riche, et qu’elle avoit eu soin de porter le loyer de ses chambres à un prix exorbitant, elle crut à propos de le ménager. Elle voyoit, il est vrai, avec une sorte de peine, l’emprisonnement de Sophie dont sa servante et tous les gens de l’écuyer attestoient la douceur et la bonté ; mais son intérêt personnel l’emportant sur la pitié, elle ne voulut pas offenser un homme qu’elle jugeoit d’un caractère très-violent.

Quoique Sophie mangeât peu, on la servoit régulièrement aux heures des repas. Nous croyons même que si elle avoit eu envie de quelque mets rare, M. Western, malgré sa colère, n’auroit épargné ni peine, ni dépense pour le lui procurer ; car dût-on ne voir dans cette assertion qu’un