prendre du goût pour vous ; et parce que je refuse d’écouter ses propositions, il m’envoie un cartel par un de ses valets. Allons, Sophie, soyez bonne fille ; mettez un terme aux chagrins de votre père ; allons, consentez à l’épouser. Il sera ici aujourd’hui ou demain : promettez-moi seulement de l’épouser à son arrivée. Vous me rendrez le plus heureux des hommes, et je vous rendrai la plus heureuse des femmes. Vous aurez les plus belles parures qu’il y ait à Londres, les plus riches bijoux ; vous aurez à vos ordres un carrosse à six chevaux. J’ai déjà promis à Allworthy de donner la moitié de mon bien… Morbleu ! il ne tient à rien que je ne donne tout.
— Mon père, aurez-vous la bonté de m’entendre un instant ?
— Peux-tu le demander, Sophie ? ignores-tu que je préfère le son de ta voix à la musique de la meilleure meute d’Angleterre ?… Si je veux t’entendre, ma chère enfant ! J’espère bien t’entendre aussi longtemps que je vivrai. Si je venois à perdre ce plaisir, je ne ferois plus aucun cas de la vie. Vous ne savez pas, Sophie, à quel point je vous aime ; non, vous ne le savez pas : autrement vous ne vous seriez jamais enfuie de chez moi, vous n’auriez jamais quitté votre pauvre père qui n’a d’autre joie, d’autre consolation sur la terre, que sa petite Sophie. »