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dames lui ressemblent, ou que nous ayons dessein de les peindre des mêmes couleurs : ils pourroient aussi bien supposer que nous avons voulu représenter tous les ecclésiastiques dans la personne de Thwackum, et tous les militaires dans celle de l’enseigne Northerton.

On commet une erreur grossière quand, sur la foi d’ignorants satiriques, on accuse notre siècle d’un excès de licence. Nous sommes convaincu qu’on n’a jamais vu parmi les femmes de qualité moins d’intrigues galantes qu’à présent. Les jeunes filles apprennent de leurs mères à tourner toutes leurs pensées du côté de la vanité et de l’ambition, et à mépriser l’amour, comme indigne de captiver leurs cœurs ; puis, grace aux soins de ces sages institutrices, mariées sans avoir de maris, elles s’affermissent dans les principes de l’éducation qu’elles ont reçue, et consacrent le reste de leur ennuyeuse existence à d’insipides amusements dont le détail conviendroit mal à la dignité de cette histoire. Dans notre humble opinion, le grand monde d’aujourd’hui se signale moins par le vice que par la folie, et la seule épithète qu’il mérite est celle de frivole.