En effet, les prologues modernes semblent ne rouler que sur trois points : la critique du goût et des mœurs de la capitale, la satire des auteurs contemporains, et l’éloge de la pièce qu’on va représenter. Les idées en sont peu variées, et ne sauroient l’être beaucoup : aussi avons-nous souvent admiré la prodigieuse fécondité des auteurs qui ont imaginé tant d’expressions différentes, pour rendre la même pensée.
Nous craignons à notre tour qu’après s’être bien gratté la tête, quelque historien futur (s’il en est qui nous fasse l’honneur de marcher sur nos traces), ne maudisse notre mémoire pour avoir introduit l’usage de ces chapitres préliminaires, dont la plupart, comme les prologues modernes, conviendroient indistinctement à chaque livre de cette histoire, ou même à toute autre histoire que celle-ci.
Mais quelque tourment que causent aux écrivains ces deux inventions, le lecteur profitera autant de l’une que le spectateur a, depuis long-temps, profité de l’autre.
On sait d’abord que le prologue donne aux critiques l’occasion d’essayer et d’accorder leurs sifflets ; et nous avons vu quelquefois ces instruments de musique si bien préparés avant la pièce, qu’ils jouoient tous de concert dès la première scène. Les critiques pourront tirer un