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vidé, j’ai dit que je voulois aussi en payer un. Nous l’avons bu, comme les deux précédents, à votre santé, et je me suis empressé de venir vous annoncer la nouvelle.

— Quelle nouvelle ? tu ne m’as pas dit un mot de ma Sophie.

— Dieu me bénisse ! j’allois l’oublier. Ce n’est pas faute pourtant d’avoir bien parlé de la jeune demoiselle. Georges m’a tout conté. Il m’a appris que M. Blifil venoit à Londres pour l’épouser. En ce cas, qu’il se hâte, ai-je dit, ou quelqu’un l’épousera avant qu’il arrive : et en effet, M. Seagrim, ai-je ajouté, ne seroit-ce pas une pitié que ce quelqu’un qui l’aime plus qu’aucune autre femme, n’eût pas le bonheur de l’épouser ? Il est bon que vous sachiez, ainsi qu’elle, que ce n’est pas pour sa fortune qu’il la recherche ; car je puis vous assurer, quant à cela, qu’il y a une grande dame beaucoup plus riche que miss Western qui est si amoureuse de ce quelqu’un, qu’elle court après lui jour et nuit. »

À ces mots, Jones furieux accusa Partridge de l’avoir trahi.

« Ah ! monsieur, répondit le pauvre homme, je n’ai nommé personne. D’ailleurs, monsieur, je puis vous certifier que Georges a pour vous un sincère attachement ; il a donné plus d’une fois M. Blifil au diable. Il m’a juré qu’il se met-